Les radios libres et leurs particularités dans le champ de l’audiovisuel
Un secteur particulier dans la branche de l’audiovisuel
La branche de l’audiovisuel désigne l’ensemble des medias utilisant le son et l’image pour diffuser des messages d’informations, réaliser des programmes culturels ou de divertissement et animer une antenne. La radiodiffusion concerne les opérateurs qui réalisent ce travail spécifiquement avec le son diffusé par des ondes hertziennes, analogiques ou numériques, par satellite, par internet. Au sein de la radiodiffusion, on peut distinguer plusieurs catégories de radios :
- Les radios de service public (généralistes ou spécialisées, nationales ou régionales)
- Les radios nationales généralistes privées
- Les réseaux de radios privées commerciales avec des relais locaux
- Les radios locales privées commerciales indépendantes (entreprises ou parfois associations)
- Les radios associatives ou communautaires.
Nous devons, ici, enlever les ambigüités sur les termes « associatif » et « communautaire ». Le premier terme, utilisé par exemple en France, identifie la radio par sa structure administrative à but non lucratif. Le deuxième terme est inspiré de l’expression anglophone Community Radios et désigne les radios par le rôle qu’elles jouent au sein d’une communauté entendue comme l’ensemble d’une population sur un territoire. Peu importe finalement le terme utilisé. Ce qui compte c’est de bien identifier que ces radios sont différentes des radios publiques dépendant directement d’un pouvoir étatique ou régional fonctionnant avec un budget public. Elles sont différentes aussi des radios commerciales dont la finalité est de faire prospérer l’entreprise de communication en développant des programmes permettant de satisfaire cet objectif. Cependant, les frontières sont parfois plus complexes que ce schéma dès qu’on observe la diversité européenne. Par exemple, les radios associatives et communautaires peuvent se donner une authentique mission de service public, peuvent même parfois être protégées par la loi et bénéficier de forts soutiens publics. En France, le législateur a créé un fonds de soutien à l’expression radiophonique pour les radios associatives dont le rôle est défini dans une loi de 1986 expliquant qu’elles ont en charge « la communication sociale de proximité ». Dans d’autres cas, un gouvernement, un ministère, un pouvoir local pourront contribuer au financement de radios avec un budget public parce que l’action menée est considérée comme utile, importante, innovante sur un espace donné pour l’ensemble d’une population ou une partie de la population.L’autre frontière fragile peut porter sur les termes de radio associative et commerciale. En effet, lorsque des radios assument de vraies missions de service aux populations sans bénéficier par la loi ou la volonté politique locale de financements publics, il est logique qu’elles se tournent vers des ressources commerciales comme la publicité pour pouvoir exister. A partir du moment où ce modèle économique, fragilisant, n’influe pas sur la mission communautaire ou territoriale de la radio, le fait d’avoir des ressources « commerciales » n’exclue pas la radio de la famille des radios associatives et communautaires.Finalement, ce qui permet de définir ces radios dans la branche professionnelle de l’audiovisuel, ce sont des valeurs communes. Lors d’un projet européen précédent, dénommé Comepec, les douze syndicats ou fédérations de radios partenaires avaient défini ainsi les medias communautaires :
- Ce sont des organisations, à but non lucratif, qui stimulent la participation démocratique dans le paysage médiatique européen.
- Elles fournissent un service public et un libre accès à ce service aux populations en Europe.
- Elles promeuvent et mettent en œuvre la participation active et l’expression démocratique de tous les citoyens, y compris les groupes de populations qui ont peu ou pas accès à l’expression personnelle afin de contribuer à la démocratie locale et au développement régional.
- Elles fournissent des informations et des services pour le développement local et communautaire et pour une citoyenneté active.
- Elles contribuent à favoriser l’inclusion sociale.
- Elles agissent pour l’éducation aux medias.
Les radios associatives se donnent pour vocation de renforcer, dans une communauté, les capacités des habitants à mieux percevoir les ressources présentes dans leur territoire. Elles sont en connexion directe avec la vie quotidienne : enjeu politique, questions sociales, activités économiques, emploi, éducation, consommation, environnement, culture, loisirs, etc… Elles renforcent une image positive aux yeux des habitants en favorisant le lien social et le « mieux vivre ensemble ». Elles s’intéressent ou donnent la parole aux personnes et aux groupes de personnes indépendamment de leurs statuts dans la société.
Leur gouvernance est assurée suivant des statuts garantissant transparence et gestion démocratique. Les dirigeants élus agissent de façon bénévole, sans rémunération, et sont les garants de l’esprit de la radio et, au quotidien, salariés et bénévoles se côtoient.
Ce qui nous intéresse EurEvalRadio, c’est de contribuer à la reconnaissance de la compétence acquise par les bénévoles pour favoriser leur mobilité en Europe et la promotion sociale et professionnelle.