Il y a des dizaines de milliers de bénévoles dans les radios libres en Europe. Si la professionnalisation se développe, les bénévoles continuent leur action, comme dirigeant, administrateur, animateur, technicien. Ils sont divers par l’âge, le milieu bénévoles continuent leur action, comme dirigeant, administrateur, animateur, technicien. Ils sont divers par l’âge, le milieu social, le niveau de formation initiale, le parcours de vie, la motivation qui conduit à prendre cette activité en loisir ou en activité
de reconnaissance sociale et personnelle, de lien social. Ils sont, de fait, en situation d’apprentissage, non formel ou informel. Ils acquièrent des compétences transversales et sur la pratique radiophonique et sur les thèmes qu’ils traitent. Cet acquis n’est pas valorisé et lorsqu’ils quittent la radio ils partent avec rien qui n’ait une valeur sérieuse pour l’insertion sociale ou accéder à un emploi, dans le monde de l’information et de la communication ou dans un autre secteur, à proximité ou loin dans son pays ou
en Europe. Des radios et fédérations ont donc conçu en 2014 un livret de compétences européen pour les bénévoles des radios communautaires. Il sortira en milieu d’année 2014. Le bénévole pouvait indiquer ses acquis mais ça devait être validé par les responsables des structures pour renforcer la crédibilité de la validation.
Et c’est là que la bonne question a été posée:
Qu’est-ce-qui prouve que l’évaluation faite par un dirigeant est fiable et donc utile pour le porteur du livret de compétences? Si les radios associatives se caractérisent par un statut, un attachement à des valeurs (respect des droits humains, diversité, droit à la parole médiatique de celles et ceux qui en sont exclus), elles sont surtout très diverses: en zone urbaine, banlieue ou espace rural, culturelles ou dédiées au divertissement, ciblant un public jeune ou âgé, un public généraliste ou une communauté particulière, de couleurs musicales variées, écoutées par des millions d’auditeurs ou quelques centaines, disposant d’un équipement obsolète ou moderne, sur un fonctionnement “intuitif” ou hyper-structuré, composées d’équipes jeunes, âgées ou intergénérationnelles, soutenues, ou pas, sur leur Territoire, dans des pays différents…
L’évaluation qui émane de tous ces contextes variés est d’une totale subjectivité et quasi-illisible ailleurs. L’objectif EurEvalRadio était de repérer ce qui amène de la subjectivité dans l’acte d’évaluation et d’identifier dans les différents contextes ce qui fait dire d’une radio qu’elle est de qualité et d’une action réalisée par un bénévole dans la radio qu’elle est aussi de qualité. Un « guide-référentiel européen d’indicateurs qualitatifs pertinents et harmonisés pour une évaluation lisible, utile et reconnue des compétences acquises formellement, informellement ou non-formellement par les bénévoles en activité radiophonique », complément indispensable au livret de compétences pour qu’il ait du sens, a donc été rédigé.
Les dix partenaires (syndicat professionnel national, radios dans des contextes géographiques, culturels et sociaux différents, organismes de formation) ont mobilisé sur le projet globalement plus de 150 personnes et 45 structures: dirigeants, formateurs, bénévoles des structures impliquées, bénévoles et dirigeants d’autres radios constituant un panel représentatif lors des visites, auditions, stages, réunions, séminaire. Nous avons établi un protocole méthodologique et des fiches-type de rapport pour toutes les enquêtes réalisées dans le pays, par chaque partenaire et/ou par des mobilités d’apprenants qui ont collecté des informations lors de stages en immersion, de deux stages ciblés (radio, bénévolat et handicap + radio et ruralité, radio et inclusion sociale en zone urbaine), séminaire.
Lors de réunions transnationales nous avons abordé des contextes particuliers: radio et animateur bénévole en zones urbaines avec une population multiethnique, en zones rurales, dans des radios culturelles, étudiantes, éducatives, engagées, de divertissement, à public spécifique…Nous avons alors rédigé en français et anglais «un guide-référentiel européen sur les valeurs, critères, indicateurs qualitatifs». L’impact attendu est la valorisation indiscutable des compétences acquises par les
bénévoles, pour faciliter l’insertion sociale, l’employabilité et la mobilité européenne. Les organisations nationales et internationales (ex: Amarc-Europe) contribueront à l’ancrage du document auprès des acteurs de la branche professionnelle. La démarche, la méthodologie appliquée, la production réalisée pourraient intéresser d’autres secteurs d’activité dans lesquels sont impliqués des bénévoles.